Témoignage 01

Lorsque j’ai rencontré ma femme, dès les premières semaines, elle m’a dit qu’elle avait des problèmes de fertilité. Elle n’a pas cherché à cacher la vérité ou à adoucir la réalité : une maladie génétique l’empêchait d’avoir des enfants naturellement. Face à cette révélation, je me souviens avoir ressenti un tourbillon d’émotions ,en la voyant si terrorisée à l’idée de m’annoncer cette nouvelle, et sans doute j’imagine avec au fond d’elle la crainte que peut être cela changerait tout pour moi , en ce compris peut être mes sentiments pour elle. Mais j’étais tombé amoureux d’elle, de son authenticité, de sa force. Et même si je savais que notre parcours pour fonder une famille serait différent, je ne pouvais imaginer un avenir sans elle. Je me souviens lui avoir répondu : « ce n’est pas grave nous trouverons une solution , si nous voulons avoir des enfants , nous trouverons une solution, le plus important c’est que l’on s’aime »Nous avons donc décidé ensemble d’affronter cette épreuve.

Notre premier recours a été l’adoption. Nous étions prêts à offrir tout notre amour à un enfant qui n’aurait peut-être pas eu la chance de grandir dans une famille aimante. Mais très vite, nous avons été confrontés à la complexité des démarches : les attentes interminables, les entretiens, les dossiers à répétition. Chaque porte qui se fermait nous faisait un peu plus mal. Après des années de tentatives infructueuses et des espoirs déçus, nous avons pris la douloureuse décision d’explorer également le don d’ovocyte , malgré notre mauvaise expérience alors que nous étions encore en France. En effet les équipes médicales rencontrées en France étaient particulièrement froides et ne nous permettaient pas de nous projeter dans ce parcours PMA. À notre arrivée en Belgique tout change, l’équipe médicale rencontrée , particulièrement humaine et chaleureuse, nous incite à franchir le pas de la PMA avec don d’ovocyte dans laquelle la Belgique excelle!

Ce fut un nouveau parcours du combattant que nous avons mené de front avec une nouvelle procédure d’adoption en Belgique.Pendant 5 années supplémentaires , nous avons multiplié les tentatives, espérant à chaque fois que cette fois serait la bonne. Cinq essais échoués. Cinq moments où nous avons vu nos rêves s'effondrer, où la douleur devenait de plus en plus difficile à porter. Voir ma femme subir les traitements, endurer les déceptions, et malgré tout continuer à avancer, m’a donné une admiration sans bornes pour elle. Chaque échec était une épreuve supplémentaire, mais chaque fois, nous trouvions la force de recommencer, ensemble.

Et enfin, après dix longues années, lors de la sixième tentative, nous avons reçu la nouvelle que nous n’osions plus espérer : ma femme était enceinte. Je me souviens de ce moment comme si c’était hier. Une vague de bonheur indescriptible nous a submergés. Après tant d’épreuves, nous allions enfin devenir parents. Je me souviens également qu’à ce moment là nous avons contacté l’office national de l’enfance pour leur indiquer que nous devions mettre notre parcours d’adoption entre parenthèses, aucun enfant ne nous ayant été apparenté, et que nous devions réfléchir au fait de poursuivre ou non ce parcours dans le futur, ne sachant pas encore si nous nous sentions prêts à avoir un second enfant après la naissance de notre bébé.


L’arrivée de notre premier enfant a transformé nos vies, nous rappelant que la persévérance et l’amour peuvent triompher, même des obstacles les plus grands.

Trois ans plus tard, contre toute attente, nous avons pu avoir un deuxième enfant, encore une fois grâce à un don d’ovocyte.
Quand l’hôpital nous a appelé pour nous proposer un cycle de don, nous avons saisi tout de suite l’opportunité sachant qu’elle ne se représenterait pas si nous la laissions passer.
Ce deuxième miracle a confirmé ce que nous avions toujours ressenti au fond de nous : notre famille était destinée à se construire, peu importe les défis. Ces deux enfants sont les plus beaux cadeaux que la vie nous ait donnés, et chaque jour passé avec eux est une récompense pour tout ce que nous avons traversé.

Tout au long de ce parcours, une idée s’est ancrée en moi : rendre aux autres la chance que la vie nous a offerte. J’ai donc décidé de faire un don de sperme, pour aider d’autres couples qui traversent des difficultés similaires. C’était ma manière de redonner un peu de ce que nous avions reçu, de contribuer à apporter de l’espoir à ceux qui, comme nous, se battent pour devenir parents.

Aujourd’hui, après toutes ces épreuves, notre amour en est ressorti plus fort que jamais. Nous avons appris à nous soutenir dans les moments difficiles, à persévérer quand tout semblait perdu. Ces épreuves ont forgé notre couple et renforcé notre désir de faire le bien autour de nous. Nous souhaitons, à notre manière, redonner espoir à ceux qui traversent des moments de doute. Si notre histoire peut inspirer ne serait-ce qu’un couple à ne pas abandonner, alors tout ce que nous avons vécu aura eu un sens encore plus grand.
Nous pensons que nous avons tous un rôle à jouer dans la vie des autres, que chacun de nos actes, même le plus simple, peut avoir un impact significatif. Faire le bien, c’est choisir l’empathie, la compassion et la générosité comme guides. C’est comprendre que, parfois, un seul acte de bonté peut transformer une vie, redonner espoir, ou simplement rappeler à quelqu’un qu’il n’est pas seul, c’est pourquoi nous encourageons tous ceux qui peuvent et qui veulent le faire , à ne pas hésiter à faire un don de gamètes.

Notre plus grand souhait est que notre expérience montre qu’il y a toujours une lueur d’espoir, même dans les moments les plus sombres. Nous avons été là où d’autres sont aujourd’hui, et nous voulons leur dire que, parfois, la vie finit par offrir ce que l’on espérait depuis si longtemps.

Je terminerai avec une citation de voltaire : « Le bonheur est souvent la seule chose qu'on puisse donner sans l'avoir et c'est en le donnant qu'on l'acquiert. »